Le labyrinthe

Les Ombres

a frontière entre les Ombres dans les Cours du Chaos est si ténue que l'on passe de l'une à l'autre sans s'en rendre compte. En regarder le paysage, c'est comme regarder un puzzle constitué de différents paysages d'Ombres. Comment ne pas se perdre dans ce monstrueux labyrinthe ? Il est raisonnable de penser que l'architecture actuelle du royaume est le fruit d'un fantastique travail des Seigneurs du Chaos sur les Ombres. Quoi, les puissants seigneurs relégués au simple rang de maçons cosmiques ! Non, disons plutôt que chaque arche, chaque mur, chaque route, chaque barrière visible ou invisible est investi de magie ou même de l'énergie du Logrus afin de maintenir la cohésion du tout face au chaos environnant. Rien ne vous empêche de quitter les chemins ou les couloirs, les Cours du Chaos n'ont rien d'une prison, mais serez-vous sûr de retrouver votre chemin, ou en êtes-vous même capable ?

ivre dans les Cours du Chaos, c'est être prudent sans être paranoïaque. Dans un lugubre jardin, derrière une haie de têtes de succubes aux cheveux de pétales d'orchidées, vous apercevez un champ de maïs orangé et une petite cabane. En traversant la haie, les têtes essayent de vous mordre et vous sentez une petite résistance dans l'air devant vous. La cabane est peut-être le refuge secret d'un puissant démon dont un fragment d'Ombre est apparu dans ce jardin, les têtes voulant juste un surplus d'engrais. Ou bien le lieu existe depuis bien longtemps et en ignorant la protection des têtes, vous risquez un grave danger.

es endroits les plus dangereux sont souvent les lieux désertés depuis longtemps. Certains sortilèges ne font plus leur office et les Ombres reprennent leurs droits, apparaissant et disparaissant, des portails invisibles s'incorporant aux lieux et aux objets. Tous les jours des démons, des hommes-bêtes, des spectres disparaissent à jamais, la plupart ne disposant pas de pouvoir sur les Ombres.

La Citadelle Noire

a plupart des soldats d'Ambre n'ont vu que la sinistre bâtisse noire flottant au dessus de l'abîme. Considérée comme la demeure de la famille royale, la Citadelle Noire n'est pas le centre des Cours du Chaos comme peut l'être le palais pour Ambre. D'une certaine manière, elle en serait plutôt la frontière extérieure.

L'ambassadeur Charles d'Ambre.

Le culte du Serpent.

e culte du Serpent est la religion officielle du royaume du Chaos. Les Temples sont nombreux et les membres du clergé omniprésents dans tous les milieux des Cours. En général, ils sont reconnaissables à la longue queue de serpent qui remplace la partie inférieure de leur corps et surtout à l'oeil reptilien qui orne leur front. L'ordre est dirigé par la famille Amblerash depuis plusieurs siècles, en la personne du Duc Bances sous le titre de "Grand-prêtre du Serpent qui se manifeste dans le Logrus".

u delà de la croyance, des nombreux rites et de l'armée de Prêtre-guerriers, le pouvoir du culte est assez important au sein des maisons. En effet, il donne son accord sur tous les mariages du Royaume. La majorité du temps, cela considéré comme une bénédiction, mais lors d'un refus, on peut parfois douter du rôle joué par le Grand-prêtre dans la décision finale. On sous-entend aussi parfois qu'il n'est que le second intermédiaire et que ce serait Maître Suhuy, le Gardien du Logrus depuis des millénaires qui prendrait toutes les décisions.

ifférentes hiérarchies composent le culte : Le cercle invisible rassemble les membres s'occupant des rites funéraires mais aussi des démons désincarnés.

Le culte des Ambriens.

'est un sanctuaire dédié à l'esprit d'un membre de la famille royale d'Ambre.
Oui, à mon père Corwin. C'est bien ce que je regarde, mais que vois-je ? Que fait une telle chose dans les Cours ?"
Elle s'avança lentement, examina l'autel de mon père.
"Je peux aussi bien te dire, poursuivis-je, que ce n'est pas la seule chapelle de ce genre que j'ai vue depuis mon retour."
Elle tendit le bras pour toucher la garde de Grayswandir. Elle se pencha derrière l'autel et trouva une réserve de cierges. Elle en choisit un argenté qu'elle aluma à un autre, le planta sur l'un des nombreux bougeoirs et le plaça près de Grayswandir. Pendant tout ce temps elle murmura quelque chose, mais je n'arrivais pas à distinguer les mots. Quand elle se retourna vers moi, elle souriait.
"Nous avons tous les deux été élevés ici, dis-je. Comment se fait-il que tu sembles tout savoir sur ceci et pas moi ?
La réponse est fort simple. Tu es parti juste après la guerre, terminer ton éducation en d'autres contrées. Il s'agit de quelque chose qui est apparu en ton absence."
Elle me pris par un bras, me conduisant à un banc.
"Personne n'avait jamais songé que nous puissions perdre la guerre, reprit-elle, même si chacun savait qu'Ambre serait un adversaire formidable."
Nous nous assimes.
"Après la défaite, il y a eu un mouvement de contestation contre la politique qui y avait mené et le traité qui a suivi. Mais pas une Maison, ni même une alliance de plusieurs d'entre elles, ne pouvait espérer une déposition à laquelle s'opposait la coalition royale. Tu connais le conservatisme des seigneurs de la lisière. Il en aurait fallu beaucoup plus pour unir une majorité contre la couronne. Le mécontentement a pris une autre forme. Un commerce florissant de souvenirs de guerre s'est alors développé. Les gens étaient fascinés par leurs vainqueurs. Les études biographiques sur la famille royale d'Ambre se vendaient comme des petits pains. Un genre de culte a commencé à prendre forme. Des chapelles privées comme celle-ci sont apparues, dédiées à tel ou tel Ambrien dont les vertus séduisaient les constructeurs."
Elle s'interrompit, étudiant mon visage.
"Cela ressemblait trop à une religion, poursuivit-elle, et depuis des temps immémoriaux, la Voie du Serpent a été la seule religion importante dans les Cours. Swaywill a donc déclaré hérétique le culte d'Ambre, pour d'évidentes raisons politiques. Cela s'est avéré être une erreur. S'il n'avait rien fait, le mouvement aurait pu s'éteindre de lui-même. Je n'en sais trop rien, bien sûr. Mais l'interdiction l'a poussé dans la clandestinité, a incité les gens à le considérer comme un acte sédicieux. Je ne sais pas combien de chapelles il peut y avoir dans les Maisons, mais celle-ci en est manifestement une."

- Gilva et Merlin, Prince du Chaos

Présentation et Apparence.

Reconnaître son interlocuteur.

e pouvoir des démons et de leurs maîtres de pouvoir modifier leur apparence à souhait explique l'existence de certaines règles et de certaines fonctions au sein du royaume. En général, les démons gardent la même apparence mais les Seigneurs du Chaos sont plus frivoles, surtout les dames. Certaines changent d'apparence comme on change de robe. Elles font cependant en sorte de garder un élément commun d'une apparence à l'autre : la même voix par exemple, ou au moins la même intonation. Puis il y a les présentations, si la personne se présente comme un tel, c'est lui. Sinon il y a la règle de l'objet (chacun portant un objet ou symbole qui lui est propre) qui reste le moyen le plus courant de reconnaître une personne sans la froisser. Un léger sortilège permet de lire l'aura inscrite dans l'objet, sensé être une infime parcelle de la personne qui la porte. C'est aussi rapide et courant qu'une poignée de main en Ambre.

Prendre l'apparence de quelqu'un d'autre ...

e plus souvent, ce sont les enfants qui prennent l'apparence de leurs frères ou soeurs. Là, les mères possèdent certains sortilèges de grand-mère plus ou moins douloureux selon la famille, qui obligent l'enfant à rependre une apparence plus courante. Les sanctions sont plus sévères quand, à l'adolescence, ils prennent l'apparence de leurs parents. On dit que chez les Jesby, la punition ultime est de rester une semaine avec la vieille Blanche Jesby. Agée de 1200 ans, toute frippée, elle se promène nue dans son manoir et raconte à qui veut l'entendre ou pas, les aventures torrides et gluantes de sa jeunesse lointaine. Par bonté d'âme, ce qui est rare dans les Cours du Chaos, on a permis à ses domestiques d'être aveugles et sourds.

e Comte Vilsérion Chanicut avait pris l'apparence de son père pour s'octroyer les faveurs de sa jeune maîtresse, malheureusement, au coeur de la passion, il a repris son apparence ... Le Duc Baltisk infligea à son fils aîné une punition que tout maître de torture considère comme l'ultime aliénation : regarder l'intégrale d'Albator, une série animée que le duc avait ramené après un pèlerinage sur Ombres-Terre en l'honneur du roi Merlin disait-il. Mais certains parlent plutôt d'un rapport avec un culte interdit. Le frère de Sambre, s'est jeté dans l'Abîme quelques jours plus tard.

Soupçon et lecture d'Aura.

ertains portails des passes familiales possèdent des sorts de recouvrement d'apparence mais ils ne peuvent pas toujours être actifs. Politiquement, il ne serait pas correct de ruiner l'apparence recherchée d'une dame du Chaos. Sinon, rien ne vous empêche d'utiliser un sort d'aura directement sur la personne. La lecture d'aura est souvent prise pour un affront et peut aboutir à un duel ou à une vendetta entre Maisons. Certaines victimes prennent cela de haut et considèrent cet acte comme une marque de faiblesse et iront joyeusement le clamer à l'assemblée. D'autres encore ne diront rien, mais tireront les conclusions qui s'imposent de ce geste maladroit.

Espions et châtiments.

ertains démons et quelques Seigneurs du Chaos sont devenus maître de la métamorphose, espionnent avec facilité. Mais ceux qui se font prendre peuvent encourir un duel à mort, une saction royale ou une exécution.

Naissance et métamorphose.

l faut savoir que l'apparence du bébé à la naissance n'est pas le fruit d'un mélange du père et de la mère mais de l'apparence de la mère lors de l'accouchement. Il faut savoir, même si le rappeler met la mère en question dans une colère noire, que Dame-Duchesse Dara avait pris son apparence ambrienne afin que Merlin ressemble le plus possible au Prince Corwin. Merlin lui-même avoue que cette forme lui revient plus naturellement que sa forme chaotique. Celle-ci d'ailleurs ressemble plus au physique fin et gracieux de son compagnon de jeunesse Glait que celui plus bestial de la famille de sa mère, les Hendrake.

es jeunes nobles du Chaos subissent un entraînement rigoureux et parfois pénible afin d'exacerber et de contrôler ce pouvoir qui est en eux. Mais leurs modèles et leurs désirs en la matière varient selon les personnes qu'ils côtoient et les Ombres où ils ont vécu. Le but final de cet entraînement étant l'initiation au Logrus.

'adresse que peuvent avoir certains Grands Seigneurs du Chaos à prendre des formes élémentaires de toute beauté est rarement à la portée des jeunes. Les moins prétentieux avouent que cette capacité leur serait venue après de nombreuses années de pratique ainsi que de multiples passages au sein du Logrus.

Le Grand Art des Atouts

Les Artistes.

ares sont les Seigneurs du Chaos qui suivent la voie du Grand Art. C'est un pouvoir qui demande beaucoup de travail et de patience pour quelqu'un qui n'a pas de réels talents artistiques. Les maîtres ne sont pas nombreux et certaines mauvaises langues disent qu'ils cachent à leurs élèves leur véritable potentiel. Bref, on apprend l'Art des Atouts pour ensuite se sentir obligé par sa famille de faire le portraits d'illustres abrutis habillés pour un couronnement qui ne sont, au final, jamais contents.

ertaines Dames prennent cela comme un passe temps au détriment de la Broderie du Chaos, un art beaucoup plus reconnu de ce côté de l'univers. Sinon, ce sont les cadets des grandes familles, souhaitant prendre de l'importance sans avoir le courage d'éliminer leurs frères aînés, qui suivent cette voie de garage. Les véritables artistes entrent rarement dans une école, ont une approche plus spontanée de l'Art et ne fabriquent que rarement les fameuses cartes. Ils disparaissent assez souvent au sommet de leur art et très rares sont ceux qui en profitent. Le fils de Lysandra Sawall, Lev, était de ces génies incompris.

La méfiance

'après certains textes, cet art ancestral n'était pas aussi dénigré à une certaine époque qu'il ne l'est ces derniers siècles. La Vicomtesse Katrina Rovanac n'hésite pas à accuser ouvertement, dans les milieux autorisés, la famille Helgram d'avoir sali la profession.